"A.R. PENCK" par Bernard MARCADÉ. Collection Classiques du XXIe siècle dirigée par Bernard Lamarche-Vadel. Editions La Différence, Paris. 1988. Imprimé en Italie. in-8 carré, couverture toilée noire sous jaquette illustrée en couleurs. 150 pages. Textes en français, illustré de nombreuses reproductions photographiques, 33 vignettes noir & blanc in-texte d'œuvres et portraits de l'artiste et 49 planches couleurs, dont 2 en double page, d'œuvres de A.R. Penck.

 

"La mode, on le sait, est au « primitivisme ». Témoins toutes ces tentatives de « retour » aux sources, au geste, à la figure, au « plaisir de peindre » ou à la spontanéité, qui ont bruyamment ponctué la décennie. Témoin ce regain d'intérêt, dans les années 80, pour les « peuples sans écriture » d'Afrique, d'Amérique et d'Océanie ; témoin surtout l'exposition Primitivism in XXth Century Art organisée en 1984 par William Rubin au Musée d'Art Moderne de New York que l'on peut à tous égards considérer comme le symptôme le plus flagrant de cette idéologie (le « primitivisme » comme « poste avancé » de la stratégie post-moderniste). Le succès récent d'une œuvre comme celle d'A.R. Penck profite bien entendu d'une telle mode et d'un tel regain. Pour le meilleur comme pour le pire. Pour le meilleur, car il fallait bien que cette œuvre qui s'est construite silencieusement, voire même clandestinement, depuis les années 60, s'impose internationalement ; pour le pire, car il s'agit de toute évidence d'un malentendu, que de la considérer à la lumière du « primitivisme ». Cette approche pèche par son formalisme : elle ne tient compte que de la littéralité d'une peinture qui se veut effectivement « simple » et efficace, elle en reste à l'anecdote des signes exhibés. Le symbole n'est pas chez Penck signe de réconciliation et de reconnaissance ni même garantie de protection, il est la marque indélébile d'un trouble, d'une opacité…"

 

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